Créé à une époque où il répondait à un véritable besoin, l’annuaire appartient désormais à une espèce en voie de disparition. Conçu à des fins professionnelles, il a été progressivement utilisé par tout un chacun pour des usages familiaux et personnels.
Les réseaux sociaux ne sont-ils pas aujourd’hui une forme d’exacerbation de cet objet déjà d’un autre temps ? Outil collectif de communication destiné à répertorier les individualités, listées et imprimées, celles-ci sont ici noyées dans une même encre. Laurent Nicolas enduit chaque page selon un mouvement semblable à une calligraphie abstraite, à l’encre de Chine, jusqu’à obtenir une page noire reliant dans cette surface sombre des individus qui, au fond, ne sont plus.
Page après page, l’objet se détache de son statut de livre et s’affirme en tant que sculpture. Dépourvu de toute fonction, l’ancien annuaire a également perdu sa dimension collective : il est devenu un volume monochrome à l’individualité propre.
