
Qu’elle soit considérée comme objet ou comme matière, la corde offre une grande richesse de symboliques et d’usages à travers l’histoire et les civilisations, fascinant par son universalité et sa capacité à relier les cultures et les époques. Élément crucial aux origines de la géométrie, elle a servi à l’organisation sociétale des Incas sous la forme de quipus. Au Japon, la corde peut signifier le caractère sacré d’un lieu – shimenawa – ou intervenir dans des arts martiaux consistant à ligoter un individu – hojojutsu –, dont le shibari est le pendant érotique.
Dans l’atelier, la corde intervient comme outil de création et partenaire de la matière. L’acte de nouer, à la fois liaison et maintien, évoque un rituel. Les nœuds s’apparentent à des synapses, échangeant des informations vitales et ouvrant un champ d’interprétations sur la création de réseaux et de connexions.
Certaines pièces sont complétées par des éléments extérieurs, véritables « supports-greffons », qui dialoguent avec l’œuvre encordée et la soutiennent, tant par opposition que par complémentarité. Contextualiser une pièce, en choisissant matériaux et techniques pour ces socles sur mesure, revient à enrichir le travail d’un débat supplémentaire : c’est le début d’une conversation entre matière, geste et sens.