
Suiseki, au Japon, désigne depuis le VIᵉ siècle l’art de contempler des pierres choisies pour leur beauté naturelle. Héritées de la tradition chinoise, elles furent intégrées aux jardins zen comme des fragments de paysage, capables d’évoquer montagnes, vallées ou horizons entiers.
Dans cette filiation, je prélève des éléments dans leur environnement — pierres, bois ou fragments minéraux — en me laissant guider par leurs formes naturelles. Mon geste ne consiste pas à imposer une image, mais à révéler ce qui s’y trouve déjà, en tenant compte du poids, de la taille, du contexte propre à chaque élément. L’adjonction d’un socle en céramique vient souligner la singularité de la pierre, sa masse et sa présence, comme un écrin qui la fait résonner.
Les matériaux que je choisis, qu’ils soient végétaux ou minéraux, portent en eux une mémoire du temps. Rien n’y est figé : croissance, érosion, métamorphose témoignent de la dynamique permanente des matières. En accompagnant ces forces, j’inscris mes pièces dans une continuité organique et universelle, où la sculpture n’est pas domination de la forme mais révélation discrète des lois naturelles qui traversent chaque fragment du monde.